"La médiation culturelle n'a de sens que si l'on reconnaît la culture de l'autre comme étant traversée par ses origines, son parcours de vie, ses habitudes, ses loisirs, et que l'on ne cherche pas à ce que l'autre nous ressemble". "Vous savez, ce n'est pas pour moi". L'expression revient souvent chez les personnes qui perçoivent les lieux culturels comme des sanctuaires impénétrables. Lorsqu'elles parviennent à franchir le seuil, elles ont tout simplement l'impression d'y être entrées comme par effraction. Fort de son expérience, Serge Saada illustre avec un regard sensible les conclusions des études faisant apparaître des inégalités sociales dans la fréquentation des théâtres. Il dépasse toutefois le simple constat pour défendre l'idée du potentiel du spectateur, d'un spectateur à qui on laisserait le temps de se construire, d'un individu dont la propre culture ne serait pas jugée comme illégitime face à la culture instituée. C'est pourquoi le médiateur culturel a un rôle essentiel à jouer, celui du passeur qui sait se retirer au moment opportun pour laisser à l'individu la possibilité de continuer seul le chemin. Le médiateur n'amène rien et surtout pas la culture. Il doit partir du principe que le public a moins besoin de connaissances que de conditions pour les partager. Ce livre, riche en exemples relatifs à de nombreuses situations vécues, montre comment des actions menées dans l'esprit de l'éducation populaire soulèvent des questions purement esthétiques à même de faire évoluer les contenus et la pratique artistique. Il cherche à réconcilier l'exigence esthétique à la préoccupation citoyenne.