L'état des recherches sur Schumann : séminaire de recherche enregistré au Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon le jeudi 25 février 2021, 11h / Jean-François Boukobza, conf.
Bien que largement interprétée, enregistrée et discutée, l’oeuvre de Schumann réserve encore de nombreuses zones d’ombres et d’incertitudes. Les spéculations sur l’état de santé du musicien, les perturbations mentales de la fin de sa vie et les discours sentimentalisant sur son couple ont souvent pris le pas sur l’examen critique de l’oeuvre. Le retard de traduction française de ses écrits - correspondance complète, critiques musicales, essais littéraires, pièces de théâtre, poésies, nouvelles et romans - constitue une entrave importante et limite toujours les investigations. La musicologie allemande, actuellement plus avancée, a longtemps porté les séquelles du nazisme, à l’image des travaux de Wolfgang Boetticher, dont l’approche esthétique a révélé des influences idéologiques problématiques sur les plans éthique, musical et scientifique, à l’image de son Introduction à l’oeuvre de Schumann datée de 1941... et rééditée en 2004... L’inaccessibilité durant une longue période des archives conservées à l’Est (Leipzig, Zwickau, Weimar) a enfin limité, à son tour, la connaissance que l’on a pu avoir du musicien et de son corpus.Le dessein de la séance est de rappeler en corollaire l’état des recherches sur Schumann et de replacer le compositeur dans son rapport au travail : comprendre ses manières de procéder, cerner leur évolution, interroger l’état définitif de l’oeuvre sinon l’idée même de cet état. Montrer, enfin, que les propos du compositeur affirmant que « La conception initiale est toujours la plus naturelle et la meilleure » sont sans doute contradictoires avec la pratique quotidienne de son métier de créateur.