Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon

Le quatuor à cordes Fragmente-Stille, an Diotima (1979-1980) de Luigi Nono est aussitôt devenu un classique du XXe siècle. L’oeuvre est faite de sons, de gestes et de figures sans cesse rompus, de structures apparemment brèves, comme incapables de se déployer. Pourtant, sous ces multiples déchirures, l’auditeur ressent bientôt l’avènement de nouvelles valeurs : le sacrifice du son, sa mise à nu ou son retrait ; l’attention au fragile, aux confins de l’audible, voire à l’absence, mais avec de brusques saillies et stridences ; l’inouï, l’inconnu, tout autant que le legs de maîtres de la Renaissance et de la modernité ; le temps suspendu, illusoirement étale, néanmoins gorgé d’événements infimes ; un douloureux sentiment de solitude et une inquiétude dénotant peut-être le deuil, le désenchantement et l’anomie croissante de l’époque : une philosophie du possible et de l’écoute musicale... L’oeuvre, fascinante, en appelle à nos sensations, à nos sentiments, à notre esprit et à notre connaissance. C’est à une analyse de son projet, de ses structures et de leur subversion, ainsi que de son aura qu’invite cette séance.