Contrairement à une opinion assez répandue, Paris est, au milieu du xixesiècle, une ville très musicale, grâce à son Conservatoire et à son orchestre, le meilleur d’Europe (et plus tard grâce aux Concerts Pasdeloup et aux Concerts Colonne), grâce à ses trois Opéras, l’Académie de Musique, le Théâtre-Italien et l’Opéra-Comique, grâce à ses sociétés chorales, ses sociétés de musique de chambre, ses Orphéons, ses éditeurs de musique et ses facteurs d’instruments. C’est à Paris que vivent l’Italien Rossini, le Polonais Chopin, le Hongrois Liszt, c’est par Paris que les grands virtuoses comme Paganini doivent passer, c’est à Paris que les chanteurs italiens, suédois, allemands doivent se produire et c’est là, parfois, qu’ils s’installent définitivement. Paris, enfin, est la capitale européenne de la danse. Cette vie musicale intense nourrit une importante critique musicale répandue dans l’abondante presse périodique. Le bicentenaire de Berlioz nous est apparu comme l’occasion de réfléchir, de façon plus générale, sur le genre de la critique musicale au xixe siècle. Le grand musicien romantique français, célébré dans le monde musical par toutes sortes de manifestations, ne saurait d’ailleurs laisser indifférents les littéraires : son intérêt en tant qu’écrivain, l’autonomie de l’écrivain, même, par rapport au musicien, ont souvent été signalés ; cependant, l’étude de son oeuvre, surtout dans sa partie de pure critique, n’a guère été tentée.