La danse classique s’est élaborée au fil de son histoire pour un corps s’élevant vers le ciel. Cette conception spécifique de l’espace a structuré, au fil du temps, le mouvement dansé et l’expressivité en danse classique. Cette culture du corps a pu constituer des obstacles à la mobilité des danseurs. Visiter l’organisation de l’espace de chorégraphes et de ballets contemporains nous permet de reconsidérer cette conception traditionnelle pour en jouer différemment. Nous constatons que les danseurs, pour matérialiser esthétiquement leurs représentations de l’humain posent les termes d’un éventail d’organisations sensorielles singulières : ce« corps imaginaire ». Nous voyons combien les arts plastiques nous aident à projeter nos intentions gestuelles en scène. Ces expériences ont également révélé combien une consolidation de la maîtrise du geste se met en oeuvre grâce à d’autres approches de la spatialisation et de la conduite du mouvement. Nous voyons comment les gestes ne sont plus à penser comme « objets » à reproduire mais comme résultat d’un processus d’incorporation inter-sensorielle. Nous proposons des clés à transmettre aux élèves en formation pour les aider à développer l’intentionnalité de leurs mouvements pour habiter la danse. La danse utilise le mouvement abstrait, elle est l’endroit où se compose le mouvement abstrait. En tant qu’elle est un mode de production et d’écriture de la présence humaine par utilisation du mouvement abstrait, la danse ne peut s’expérimenter sans un « tissu », un entrelacs, un enchaînement. Nous pouvons dire à notre façon : la danse s’élabore comme un « phrasé » d’intentions. Comment mettre en oeuvre une exploration des dynamiques internes du geste dansé pour dépasser sa dimension formelle ? Comment réintroduire dans l’apprentissage de la danse, les intentions, les émotions, afin de nourrir et motiver l’engagement dans une expressivité libre sans que sa codification devienne problématique ? Ce sont les questions auxquelles ce mémoire tente de répondre.