Singulière expérience que celle du musical. Chacun y succombe à l'enchantement de l'immédiat, mais la teneur de l'objet ne cesse de se dérober. C'est sans doute que l'oeuvre musicale travaille le temps plus encore que le son : celui-ci reproductible à l'infini, celui-là, non. L'instant multiple de l'écoute nous fait rêver à ce que serait un temps à jamais ordonné, toujours rétrogradable et orienté pour notre seule jouissance. Ce temps aurait pour qualité la joie : cela signifie que, flux traversable en tous sens, il serait aussi la source intarissable de ce qu'appelle notre désir. Plutôt que de postuler ici une essence de la musique, on a préféré se laisser conduire par l'idée de singularité. L'enjeu revient à reconnaître la manière singulière dont le musical traite avec quelques-uns des champs d'expérience auxquels il touche : la forme, le corps, l'histoire, la modernité, l'inconscient, l'écriture, l'intelligibilité. Sept approches, donc, qui privilégient l'analyse des exemples afin de mieux cerner les contours de ce site mythique où nul n'abordera jamais et dont le nom est emprunté à l'une des pages les plus fulgurantes de Debussy : L'Isle joyeuse.