Présentation générale
Compositrice, cheffe d’orchestre et pédagogue de renom, Nadia Boulanger possédait une bibliothèque de travail exceptionnelle qui forme aujourd'hui le noyau de la bibliothèque du Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon.
Après le décès de Nadia Boulanger, en octobre 1979, Annette Dieudonné, exécuteur testamentaire, partagea l’ensemble des objets et documents qui remplissaient l’appartement de la rue Ballu entre plusieurs institutions. La Fondation Lili et Nadia Boulanger, la bibliothèque de l’Université d’Harvard, la Bibliothèque polonaise de Paris, le Musée de la Musique, la Bibliothèque nationale de France et la bibliothèque du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon furent parmi les bénéficiaires.
L'ensemble de documents dont hérita le CNSMD de Lyon constituait la majeure partie de la bibliothèque de travail de Nadia Boulanger. Ce fonds comprend environ 8 000 partitions et 950 livres sur la musique et les musiciens.
L'aïeule de Nadia Boulanger, Marie-Julienne Halligner, dîte Marie-Julie Boulanger (1786-1850), artiste lyrique célèbre en son temps à l’Opéra comique, ainsi que son père Ernest Boulanger (1815-1900), prix de Rome en 1836, professeur de chant au Conservatoire national supérieur de Paris, compositeur d’opéras comiques, qui comptait pour amis Gounod, Massenet, Saint-Saëns, ont créé la base de ce patrimoine musical très représentatif du XIXe siècle en ce qui concerne les opéras, les mélodies chant-piano et les traités de chant.
Nadia Boulanger agrémenta ce fonds initial tout au long de sa vie ; elle en fit une collection imposante où toute la tradition musicale savante occidentale est représentée, des organa de Pérotin en passant par l’Harmonices musices Odhecaton de Petrucci, jusqu’aux œuvres de Iannis Xenakis, Luciano Berio ou Ton That Thiet.
Certains exemplaires sont annotés comme, par exemple, nombre des quarante-six volumes de la Johann Sebastien Bach Werke (Leipzig : Breitkopf & Härtel, 1851-1899) qui font partie d'un ensemble d'éditions monumentales de référence - œuvres complètes de François Couperin, Josquin des Prés, Orlando di Lasso, Claudio Monteverdi, Pierluigi da Palestrina, Henry Purcell, Jean-Philippe Rameau (édition Durand, 1895-1924) - auxquelles il faut ajouter les grands corpus suivants : Hispania schola musica sacra (Barcelona : Juan Bta Pujol y Ca, Editores, 1894-1898), les Archives des maîtres de l’orgue des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles publiées par Alexandre Guilmant avec la collaboration d’André Pirro (Paris : Durand, 1898-1909) ou encore Les maîtres musiciens de la Renaissance française (éditions publiées par Henry Expert, Paris : A. Leduc, 1844-1908). Ces grandes éditions témoignent de l'intérêt que Nadia Boulanger portait à la musique ancienne. Certaines ont été numérisées et sont accessibles en ligne.
Enfin, le fonds contient des partitions des œuvres de Lili et Nadia Boulanger (dont du matériel d’orchestre et des manuscrits autographes), ainsi que des partitions d’élèves de Nadia Boulanger.
Après le décès de Nadia Boulanger, en octobre 1979, Annette Dieudonné, en tant qu’exécuteur testamentaire, fut chargée de partager entre plusieurs institutions l’ensemble des objets et des documents conservés dans l’appartement du 36 rue de Ballu à Paris.
L’importante bibliothèque musicale de « Mademoiselle » fut ainsi répartie entre la Bibliothèque nationale de France, le Musée de la Musique et le Conservatoire national de musique et de danse de Lyon qui hérita de la partie "bibliothèque de travail", un ensemble d'environ 8 000 partitions et 950 livres sur la musique.
En plus de cette riche et imposante bibliothèque musicale d'usage (aujourd'hui presque entièrement cataloguée et mise à la disposition du public en consultation sur place), plusieurs cartons complémentaires ont été livrés au CNSMD de Lyon à la fin de l’année 1981. Il s'agit d'un fonds de documents d’archives essentiellement liés aux activités pédagogiques de Nadia Boulanger : matériels de chœur annotés, matériels de concerts annotés, cours, copies de concours, exercices d'élèves et, enfin, un ensemble de partitions imprimées et manuscrites (manuscrits autographes et/ou de copistes) d’œuvres composées par les élèves de Nadia Boulanger.
Ce fonds d’archives, conservé dans les réserves du CNSMD et en partie seulement inventorié, reste à ce jour largement inexploité.
Le fonds Nadia Boulanger de la médiathèque suscite l'intérêt de chercheurs, notamment américains. Vous pourrez les retrouver ici au fur et à mesure de leur parution.
- Francis, K. (2020). Boulanger and atonality: a reconsideration. Dans Brooks, J. (dir.), Nadia Boulanger and her world (p. 277-302). The University of Chicago Press.
- Mugmon, M. (2018). An imperfect Mahlerite: Nadia Boulanger and the reception of Gustav Mahler. The Journal of Musicology: A Quarterly Review of Music History, Criticism, Analysis, and Performance Practice, 35(1), 76–103.
- Segond, C. (2007). Une génétique de l'interprétation chez Nadia Boulanger : enjeux méthodologiques et bibliothéconomiques. Fontes Artis Musicae, 54(1), 100-114.
- Segond-Genovesi, C. (2018). Fin de règne ? L'enseignement de Nadia Boulanger après la Seconde guerre mondiale. Dans Feneyrou, L. et Poirier, A. (dir.). De la Libération au domaine musical : dix ans de musique en France (1944-1954). Vrin.
- Prélude (1936), Nadia Boulanger. Manuscrit du fonds Nadia Boulanger
Enregistré sur l’orgue Cavaille-Coll/Gloton-Debierre de Notre-Dame d'Auteuil, Paris, le 14 février 2019 par Joy Leilani-Garbutt