Vos coups de cœur
Quels sont les derniers CD, spectacles de danse, concert, opéra, livre, DVD qui vous ont plu ?
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Vos coups de cœur
Sommaire des coups de cœur :
- Jordi Savall, musicien de la paix, une reflexion musicale sur les conflits
- Alice au pays des merveilles, ballet de Christopher Wheeldon
- For Bunita Marcus (Satoko Inoue) de Morton Feldman
- Martti Talvela, une maginifique voix de basse finlandaise
- Isabelle Faust joue Bach depuis l'église Saint-Thomas de Leipzig
- Corps et âme de Frank Conroy
- Confessions d'un compositeur de John Cage
Jordi Savall, musicien de la paix, une réflexion musicale sur les conflits
Vous vous souvenez de Tous les matins du monde ? Jordi Savall en a interprété toutes les parties musicales (eh non, Jean-Pierre Marielle, malgré son talent n’a pas lui-même improvisé sur les Folies d’Espagne). Voici un reportage sur ce monsieur, laissant la part belle aux instants musicaux (musique renaissance, juive séfarade, arabo-andalouse,…) et instillant quelques humbles réflexions sur les conflits humains.
Documentaire à voir sur Medici.TV
Coup de cœur de Giovanna, étudiante en violon (mai 2020)
Alice au Pays des Merveilles de Christopher Wheeldon, musique de Joby Talbot
Halte-là !
Avant de vous déconfiner, prenez donc le temps de vous réhabituez à la réalité. Car, sait-on jamais ? Elle n’a peut-être plus le goût de tarte à la confiture…
Vous, par exemple, une fois passé le seuil de votre porte, vous rapetisseriez d’un coup d’un seul que ça ne nous étonnerait pas… Ne soyez pas surpris voyons, Alice n’en fait pas tout un drame, elle… Mais elle est amoureuse, et quand on aime, le merveilleux est habituel et les habitudes toujours plus merveilleuses. Tout le monde sait ça. En tout cas, Judith le sait. Prenez soin de toujours garder votre tête bien vissée sur vos épaules, c’est très coupant la nuit par ici.
A ce propos, comment va Grimaçon ? Ouvrez l’œil, il paraît que la nuit, certains chats font une escapade jusqu’aux dunes de sable du Sahara. Mais ce n’est qu’une légende bien sûr, nous ne croyons guère ce genre de choses ici-bas. Enfin. Si d’aventure vous en veniez à le suivre, qui sait… ? A défaut de tomber sur le Palais des Mille et Une Nuits, peut-être pourrez-vous profiter de quelques expériences bénéfiques. Mais soyez aux aguets, la réalité se dissipe vite dans un nuage de fumée. Surtout quand on suit un chat. Ou un lapin.
PS : la balade en forêt est très chouette mais évitez la maison près de la rivière. Il s’y passe des choses pour le moins… étranges. A la moindre étourderie, paf ! On se retrouve haché comme de la chair à saucisse ! Pour peu qu’à l’inverse de certains, vous n’ayez pas sept vies, vous risquez de ne pas en revenir… Vous êtes averti, vous voilà donc deux.
Coup de cœur de Giovanna, étudiante en violon (mai 2020)
For Bunita Marcus (Satoko Inoue) de Morton FELDMAN
Il y a une très grande différence entre temps et tempo. Chez Feldman on peut fortement l'entendre. Cette musique si exceptionnelle est une reprise de possession du temps, un temps détaché de l'horloge auquel on est habitué. On est à l'intérieur de quelque chose d'autre, dans un flux qui n'est plus que consonance ou dissonance, rythme ou phrases, il n'est plus lié à un sentiment. Bien sûr que ces paramètres avec résonances, accords, notes et les autre éléments de la musique sont là, mais ils deviennent minuscules, soumis à la forme, à son "échelle". Ce qui reste est l'essence du temps, son squelette : tension, suspension, vitesse, lenteur. Il ne s'agit pas du tout d'un état d'écoute passive, au contraire c'est une hyper-conscience : la façon avec laquelle il faut écouter change, on est obligé de rester vivants et de creuser. On est obligé de voir à l'intérieur de nous en compagnie de quelqu'un qui nous y invite. Tout peut se passer à tout moment et le moindre changement devient énorme. C'est simplement que le cri n'est pas dans la dynamique, il est dans l'espace, dans sa forme. Et justement si on parle de temps, on est obligé de parler d'espace : les changements de registres sont des coups de fusil, les changements de vitesse, des bombes. L'absence de direction nous empêche de prévoir ce qui se passe, on ne sait jamais où on est, ni si on peut s'accrocher à quelque chose. Les choses s'enchaînent les unes après les autres selon un ordre qu'on reconnait comme écrit, mais sans s'imposer à notre écoute. La musique n'est pas en train de changer ou de se développer, elle continue. Elle pourrait terminer d'un moment à l'autre. Elle semble éternelle, elle naît et elle meurt sans qu'on puisse faire quelque chose, elle prend son temps. Elle exige ce temps sans qu'on puisse vraiment le cerner. Finalement, quand la fin arrive, sans prévenir et sans aucun préavis, on a la chance ou le malheur de revenir aux choses qu'on connait, à notre petite réalité confortable, mais on revient. On est plus fort ou plus faible, peu importe. On est plus riche : riche des pensées qui nous ont traversé pendant ce voyage. On est riche de cet échange, riche de cet espace et de ce temps. Est-ce bien si différent de notre vie d'aujourd'hui ? C'est une métaphore en fait ce que Feldman nous propose - peut-être comme toute musique. En vérité, laissez-moi me contredire : on a seulement de la chance.
Coup de cœur de Jacopo, étudiant en composition contemporaine (mai 2020)
Martti Talvela, une magnifique voix de basse finlandaise
J’ai eu un coup de cœur ces derniers jours : la découverte pour moi du chanteur Martti Talvela, magnifique basse finlandaise, qui a fait merveille dans le répertoire germanique et russe principalement, italien aussi, et comme interprète de lieder. Il est mort prématurément en 1989 à 54 ans.
France Musique lui a réservé un bel hommage en 2018 dans l'émission "Une heure, une voix" par Jérémy Rousseau, rediffusé vendredi 3 avril 2020
Pour moi, c’est une véritable découverte, cette voix puissante, extrêmement expressive, au timbre clair et naturel : un très grand artiste. J’ai alors eu envie de l’écouter dans l’opéra de Moussorgsky, Boris Godounov, dans lequel il tient naturellement le rôle du tsar tourmenté à la stature imposante, rôle qu’il a interprété 39 fois… aidé en quelque sorte par son physique, il faisait plus de 2 mètres. Il a aussi excellé chez Wagner et Mozart dans les rôles de Hagen, Hunding, Gurnemanz, le Commandeur et Sarastro.
En streaming sur Naxos Music Library, j’ai trouvé son extraordinaire interprétation de Boris Godunov, sous la baguette de Jerzy Semkow, avec l’orchestre symphonique de la Radio nationale polonaise et les chœurs de la Radio nationale de Cracovie.
Coup de cœur de Lætitia, bibliothécaire (avril 2020)
Rock, liberté et décibels
En attendant la réouverture de Rock n'Eat (pour ceux qui ne connaîtraient pas, c'est entre le Sup' et le Pas Sage, ça vaut le coup d'y faire un tour pour la bière, les concerts et l'ambiance ! ) En attendant sa réouverture, donc, un petit tour d'horizon de l'histoire du Rock en 25 minutes à peine. Depuis le blues de la ségrégation américaine et Elvis Presley, jusqu'au manifeste anarchiste des Sex Pistols, en passant par les Rolling Stones et AC/DC, ce petit reportage efficace et teinté subtilement de réflexions sur le rôle de l'art et de la contestation vous fera sans nul doute réfléchir et rêver.
Make their stand
And when they've given you their all
Some stagger and fall, after all it's not easy
Banging your heart against some mad bugger's Wall.
Pink Floyd
Coup de cœur de Giovanna, étudiante en violon (avril 2020)
Isabelle Faust joue Bach depuis l'église Saint-Thomas de Leipzig
Johann Sebastian Bach connaissait bien l'église Saint-Thomas de Leipzig, et pour cause : il en a été le Kantor pendant près de 30 ans.
Un concert en toute discrétion, sans public, s'est tenu dimanche après-midi, 5 avril, en ces murs. Isabelle Faust y a fait résonner la 3e Sonate et la 2e Partita pour violon seul, écrites par J. S. Bach. L'écriture magistrale, la finesse d'interprétation, la résonance d'une église vide. On en revient émus d'avoir assisté, même virtuellement, à un moment aussi intime.
Coup de cœur de Giovanna, étudiante en violon (mars 2020)
Corps et âme, Frank Conroy
Passé le titre, on dévore ce roman d'une traite, immédiatement immergé dans l'ambiance de New-York dans les années 40.
Claude Rawlings, livré à lui-même, car sa mère fait le taxi de nuit, découvre un jour un petit piano au fond de sa chambre. Claude grandit, trouve des petits boulots, rencontre le marchand de musique du coin de la rue qui va l'aider toute sa vie à devenir pianiste et compositeur. Puis d'autres rencontres, toutes aussi enrichissantes suivront. Et nous voilà embarqués pour 40 ans de musique : classique, jazz, accords, harmonie, composition, les mystères de l'oreille musicale, etc...
- "Corps et âme" de Frank Conroy, traduction de "Body and soul", standard de jazz, interprété par des centaines d'artistes à écouter sur Philharmonie à la demande et
Coup de cœur d'Emmanuelle, bibliothécaire (mars 2020)
Confessions d'un compositeur, John Cage
Quelle était la contrainte qui a engendré la naissance du piano préparé, quelles sont les bases de 4'33'' ?
Ce sont quelques-uns des points abordés dans cette conférence donnée par John Cage en 1948, alors âgé de 36 ans.
Il voit encore la musique comme quelque chose d'organisé : "Music now seemed to me to be organization of sound, organization by any means of any sound". Il aborde son parcours personnel, au regard de l'évolution de sa pensée musicale. Le texte est court, mais très vivant et il nous montre la vie et les réflexions du compositeur à un moment précis de sa carrière. On peut alors mesurer l'évolution de sa pensée, notamment sur la question de la musique organisée.
Les dernières pages constituent peut-être la vraie confession du livre : ses envies pour les pièces futures ; presque des rêves musicaux. On sent la puissance, la croyance, l'absurdité, la fragilité et tous les autres sentiments liés à l'incroyable désir de création. Ce texte me rappelle ce désir, dont il ne faut jamais laisser s'éteindre la flamme.
Coup de cœur de Jacopo, étudiant en composition contemporaine (mars 2020)